Le Master’U BNP Paribas permet à huit équipes universitaires de tennis de se rencontrer le temps d’un week-end. Plus que des rencontres internationales, ce sont différentes philosophies qui s’opposent. Illustration avec la France et les Etats-Unis.
La France accueille, les Etats-Unis gagnent. Voilà comment résumer la récente histoire du Master’U. Les quintuples tenants du titre sont encore une fois les grands favoris. Comme ses coéquipiers, Christopher Eubanks profite d’un système universitaire favorable aux sportifs. Le joueur du Team USA s’entraîne vingt heures par semaine sur le campus de Georgia Tech. Le reste de sa semaine, il la passe dans les amphithéâtres ou en compétition. Les « colleges » soutiennent leurs étudiants alignés dans des compétitions nationales comme internationales. « En NCAA ou sur le circuit WTA, ma fac me paye les déplacements, un coach et un kiné », annonce la joueuse américaine Francesca Di Lorenzo, étudiante à Ohio State et 348e mondiale. C’est justement pour cela que Marine Partaud a refusé « un million d’opportunités américaines ». Si tous les frais sont payés, les gains doivent être remboursés, précise la Française. Car au pays de l’Oncle Sam, étudiant rime avec amateur et donc peu d’occasions de briller sur le circuit WTA. Cela n’a pas refroidi l’Irlandaise Jane Fennelly. Elle a traversé l’Atlantique pour rejoindre l’Université Notre-Dame dans l’Indiana pour étudier le marketing, mais surtout pour progresser en tennis : « C’était un intérêt mutuel qui a abouti sur une excellente opportunité aussi bien sûr le plan scolaire que sportif », explique-t-elle. Un choix que la native de la banlieue de Dublin ne regrette pas. « Le modèle américain est largement plus compétitif, avec beaucoup de moyens. » Il faut dire que l’enjeu est de taille. Pour Melissa Schaub, coach américaine, « l’équipe universitaire est l’emblème d’une ville et parfois même d’un Etat. »
Investissements et concurrence
Aux Etats-Unis, les compétitions se répartissent en deux périodes et se terminent en mai avec le championnat national. L’occasion pour les 64 meilleures universités américaines de croiser le fer devant plusieurs centaines de spectateurs. Certains établissements n’hésitent pas à investir plusieurs centaines de milliers de dollars pour triompher. Bien aidés par d’anciens élèves qui ont réussi et veulent contribuer au rayonnement de leur lieu de formation. Une philosophie que ne partage pas Jean-François Sautereau. « On veut former des hommes avant de former des sportifs » confie le président de la Fédération Française du Sport Universitaire (FFSU). Une formation qui pour permettre les sportifs de haut-niveau à s’entraîner peut avoir lieu à distance. Alice Bacquie, inscrite à l’Université de Toulouse Jean Jaurès, étudie depuis son domicile bordelais. Elle suit tous les cours chez elle et se déplace en fin de semestre pour les partiels. Les notes sont aussi importantes que les performances sportives. Le sport ne prendra donc jamais le dessus sur les études dans l’enseignement supérieur français. Jean-François Sautereau le confirme, « C’est comme si l’on recrutait un étudiant qui n’a pas le bac uniquement sur ses qualités sportives. C’est impensable et je l’interdis
Il n’est pas souhaitable d’adopter le modèle américain. »
Une opposition de styles
Kévin Bessiere et Nicolas Kohlhuber