La politique de la chaise vide

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Les Etats-Unis sont en finale de cette édition du Master’U BNP Paribas. Un parcours sans faute réalisé grâce aux joueurs, mais aussi grâce au management de leurs deux entraineurs. Ces derniers n’hésitent pas à délaisser leurs poulains pendant le match, pour les mettre dans les meilleures conditions.

 

Mais où sont-ils passés ? Tout au long du week-end, les entraîneurs Melissa Schaub et Greg Patton étaient omniprésents pour leur équipe, mais pas toujours sur leur chaise de coach. Une situation qui a surpris les spectateurs, les arbitres mais surtout les adversaires. La méthode est simple, elle consiste à déserter la chaise pour observer depuis le coin du terrain le joueur présent sur le court. La présence du coach derrière le joueur permet de donner des conseils même, et c’est une chose rare, entre les points. Une attitude qui a surpris la joueuse française Clémence Fayol lors de son entrée dans la compétition. « Parfois, la coach américaine sortait du cours et elle lui parlait souvent. À 5-3 dans le premier set, je me suis dit, “mais qu’est-ce qu’elle fait ? “ Elle était carrément de l’autre côté du terrain, à côté de mon coach alors qu’on était en train de jouer. Ça m’a étonné plus qu’autre chose. » La situation n’est vraiment pas habituelle en Europe. Aux Etats-Unis par contre, c’est une méthode inscrite dans la culture du sport universitaire. « En “college-tennis“ on peut bouger autour du cours, donc lors du premier match j’ai simplement essayé d’être à ses côtés pour communiquer avec elle », promet Melissa Schaub, loin de vouloir perturber ses adversaires.

 

Le joueur peut même rester seul

Les deux têtes pensantes de la sélection américaine vont parfois plus loin. Ils laissent leur joueur seul et s’installent en tribune. « On s’adapte toujours aux besoins de la personne présente sur le court, développe Greg Patton. Certains n’ont besoin de personne pour analyser leur match. » Lors du quatrième affrontement franco-américain, Brandon Holt n’a eu besoin d’aide pour s’imposer en deux sets face à Robin Cocouvi (6-2/6-4). « Je puise de l’énergie de chaque personne de l’équipe même s’ils sont loin du court. Cela ne change rien pour moi. S’il y a vraiment un problème technique, Greg vient me voir », certifie l’américain adepte de la cool-attitude. Finalement ce qui pourrait paraître incongrue pour les autres se révèle être un véritable atout pour les joueurs et commence même à convaincre les entraîneurs adverses. « En France, on a un fonctionnement différent avoue Cyril Monnet. Je ne prendrai pas le risque de perturber ma joueuse en me déplaçant tout le temps. » Une chose est sûre, la méthode a fait ses preuves puisque les Etats-Unis sont sortis vainqueur des six dernières éditions. La chaise reste donc parfois vide, mais l’armoire des trophées, elle, est bien remplie.

 

Antoine Decarne