La nouvelle donne économique n’épargne personne. A l’instar de certains de leurs confrères olympiques à Rio, les athlètes français universitaires n’échappent pas aux coupes budgétaires des fédérations, des associations sportives (AS) et des sponsors privés. En 2016, le recours au financement participatif est devenu pour le compétiteur amateur de haut-niveau une solution concrète pour couvrir les dépenses liées à la préparation du sportif.
Le tennisman français Louis Lechevretel, présent aux Masters U de Marcq-en-Barœul, a ainsi financé un bout de sa saison 2016 grâce à la plateforme KissKissBankBank. « On a calculé avec mon entraineur et mes parents combien une année allait me couter. On est partis sur une demande d’aide à 10%. Tu ne peux pas non plus demander qu’on te paye toute ta saison…» De plus en plus utilisée, la pratique doit encore se normaliser dans l’esprit des pratiquants, qui s’interrogent forcément sur le sort réservé à leur don. Fort d’une collecte réussie à 124%, le joueur reconnait qu’il doit surtout la réussite de son projet à son entourage tennistique : « La majeure partie de mes financements provient de mon club de Wissous. Il n’y a que 2% des donneurs que je ne connais pas », souligne-t-il.
Partenariat entre la FFSU et Sponsorise.me
La Fédération Française du Sport Universitaire (FFSU), à défaut de pouvoir soutenir financièrement comme elle aimerait le faire, a pris le parti d’accompagner ses athlètes dans leurs démarches. Ainsi, au printemps 2016, un partenariat a été signé avec l’un des leaders du crowfunding sportif, Sponsorise.me. A but non-lucratif, la plate-forme hébergée sur le site de la FFSU désire fidéliser les étudiants-sportifs. « Ce partenariat est une démarche informative pour aider nos étudiants. C’est un relais, pour trouver des financements plus facilement», explique Damien Bardot, directeur des partenariats à la FFSU. Davantage communicant depuis le mois de novembre, le dirigeant commence à ressentir les premiers effets de cet accord. « Actuellement, deux projets sont en cours de financement. Nous diffusons plus largement auprès des AS et des entraineurs via du mailing et des brochures. On espère bien que cela va s’inscrire dans la durée. »
La bonne réussite d’un projet de financement participatif ne va pas sans une présence active sur les réseaux sociaux. « Aujourd’hui, c’est une part importante d’une carrière », admet Louis Lechevretel. C’est aussi un outil nécessaire pour faire savoir aux donateurs que leurs euros ont été utiles. « C’est spécial de demander de l’argent aux gens. Ça ne me met pas mal à l’aise mais il faut aussi leur rendre leur soutien», poursuit-il. Malin, le 1644e à l’ATP a récompensé ses bienfaiteurs par des objets dédicacés par ses soins (balles, tee-shirts, etc). Histoire de lier l’utile à l’agréable, et de fidéliser toujours plus son fan-club naissant.
Début décembre, c’est carrément l’équipe de France féminine de ski alpin, professionnelle, qui a souhaité financer son stage de préparation à Ushuaia sur KissKiss. Ce qui illustre la très forte concurrence entre les demandeurs, forcément préjudiciable pour les sportifs moins exposés. Une question devrait rapidement se poser : le crowfunding sportif résistera-t-il à la démultiplication du nombre des projets ?
Pascal Lefebvre