C’est bien connu, le diable se cache dans les détails. Au tennis, l’ennemi numéro un du joueur est la perte de concentration. A l’image des plus grands joueurs du circuit professionnel, les tennismen universitaires ont leurs petits rituels pour éviter de sortir de leur match.
Rafael Nadal, avec son maillot, ses cheveux ou encore ses bouteilles. Novak Djokovic avec ses innombrables rebonds précédant son service. Tous les joueurs de tennis, des plus célèbres aux plus anonymes, ont leurs petites mimiques au moment d’engager l’échange. Le tennis universitaire n’échappe pas à la règle.
L’avant-match, l’interlude musical
Pour certains, cela commence même dès l’avant-match. A l’image de l’Irlandais Peter Brothwell : « Quand c’est à moi de jouer, je quitte mes coéquipiers au début du deuxième set. Je m’échauffe toujours de la même manière en écoutant du rap pour me booster. Avant de sortir du vestiaire, je mets mes raquettes dans mon sac, toujours dans le même ordre, et j’écoute du disco » raconte-t’il. Louis Dussin ressent lui aussi le besoin de se donner du cœur à l’ouvrage en branchant la sono. « Avant chaque match, j’écoute la chanson « Hall of Fame » du groupe The Script, ça me motive avant de rentrer sur le terrain. ». Une fois la motivation trouvée, le plus dur reste à faire, rester concentré.
Les manies du service
La mise en jeu est le moment où chaque joueur rentre dans sa bulle. « Avant de servir je fais passer la balle au moins une fois entre mes jambes. J’ai vu John Isner le faire, ça m’a bien plu et je l’ai repris à ma sauce, c’est devenu mon rituel » déclare Julien Eon. Certains vont encore plus loin comme Yulia Kapitanova : « J’ai besoin de faire rebondir la balle trois fois avant ma première balle et deux fois pour la deuxième balle. Cela me permet de me rassurer. En plus, le 3 est un chiffre porte-bonheur en Russie ». Et quand la première balle se transforme en ace, le Britannique Jack Findel Hawkins la joue à la Richard Gasquet : « Je suis superstitieux. Quand je sers bien, que je fais un ace ou un service gagnant, j’aime reprendre la même balle. C’est quelque chose de plus fort que moi, je ne peux pas m’en empêcher » insiste-t’il. A l’inverse, pour Alice Bacquie le choix des balles a une autre signification. « Je ne reprends jamais les balles qui gagnent, seulement celles qui perdent, c’est pour conjurer le sort ».
Ne jamais franchir la ligne blanche
Le changement de côté est aussi un instant de relâchement qui ne coupe pas à la règle. Mais avant d’aller s’asseoir, Anglais et Français partagent une tradition commune : « Que ce soit entre les points ou entre les jeux, j’essaye de ne pas marcher sur les lignes », indique Julien Eon, imité en cela par Louis Dussin et JF Hawkins. Comme si une malédiction entourait les tracés du court. Une fois assis, de la Russie aux Etats-Unis, les us et coutumes vont bon train. « Je place mes bouteilles les unes à côté des autres, toujours à la même place, à la manière de Rafael Nadal », précise Anastasia Tsyganova. L’Américaine Ena Shibahara respecte elle aussi un protocole bien particulier : « Je bois d’abord de l’eau et après ma boisson énergisante. Je relis aussi mes notes sur mon calepin. Il contient des vœux de réussite écrits par mon père ».
Des notes, des balles, des bouteilles. Et même une serviette. Dans son match marathon contre l’Américain Brandon Holt, le Britannique Jonni O’Mara s’épongeait le visage avec une serviette estampillée Wimbledon 2017 où il a joué en double et passé un premier tour. Une façon, sans doute, de se rappeler des bons souvenirs jusque dans la conquête du troisième point britannique.
Grégory Monnot