Avec des tournois qui gagnent en prestige, la Chine accueille chaque année les meilleurs joueurs et joueuses du circuit ATP et WTA à Shanghaï ou à Pékin. Pourtant, ce dynamisme contraste avec le développement des joueurs chinois et de leurs faibles performances sur le circuit international. Les Masters’U organisés à Marcq-en-Barœul sont l’occasion débattre sur la situation avec l’entraineur de l’équipe ainsi qu’avec Li Jianhui.
- A quel stade en est le développement du tennis en Chine?
– Il est encore lent car ce n’est pas un sport populaire comme il peut l’être en France. Nous avons nos propres problèmes internes notamment dans le domaine de la structuration des jeunes. Il n’y a pas d’académies de tennis comme on peut trouver en Europe. Il existe déjà des structures pour le tennis de table, du football et le basket. Construire des structures propres au tennis est extrêmement onéreux.
- Le tennis est-il en manque de popularité en Chine?
– Oui on peut le dire comme ça, mais ce n’est pas le point majeur. La question centrale est l’argent qui doit être investi dans ce développement. Nous sommes capables de mettre de l’argent pour le tennis de table, le basket, la natation ou encore le football, alors pourquoi ne pas faire de même avec le tennis.
- Les victoires de Li Na à Roland Garros en 2011 et à l’Australian en 2014 ont-elles crée un engouement?
– Elle a ouvert la voie à de nombreux jeunes Chinois. Elle reste un très bon exemple pour la jeunesse. Son succès s’est accompagné d’un boom et nombreux sont ceux qui ont voulu faire du tennis. Ce type d’exemple est très bon car il nous permet de nous concentrer sur les futurs talents. Mais il y a encore du travail car le sport manque de notoriété. Il n’est pas populaire comme peut l’être le football ou le tennis de table. Mais nous travaillons sur les solutions qui peuvent être apportées, surtout chez les hommes.
- Quels sont-elles?
– Nous avons l’un des plus importants tournois de tennis masculin avec l’Open de Pékin. Cependant, il est difficile pour mes compatriotes d’y prendre part. En effet, le classement de nos joueurs nous permet pas d’intégrer le tableau final. Nous avons suffisamment de joueurs mais il est difficile de les mettre sur le circuit international. Il faut de gros moyens pour faire une saison complète. Entre les déplacement, les hôtels et autres frais annexes, une année est onéreuse. Nous avons notre propre système de développement ici avec des structures « type académies » mais cela ne nous permet pas encore de développer une génération de joueurs. Ce qu’il faudrait c’est structurer d’avantage l’apprentissage et mieux former les coachs chinois. Nous avons beaucoup d’entraîneurs qui viennent d’Europe. De France (Guillaume Peyre est entraîneur national) et d’Espagne notamment.
- Pensez-vous que la Chine puisse être la nouvelle garde du tennis international?
– C’est une nation qui peut accueillir de grands tournois, il nous ne manque plus qu’à faire émerger des talents. Nos joueurs ne sont pas suffisamment connus en Chine. Nous essayons de développer au maximum ces talents afin de les faire briller à l’intérieur du pays déjà et un jour aux yeux du monde. La Chine va progressivement devenir une nation forte du tennis. Il faut juste nous laisser le temps.
- Un mot sur la relève Chinoise?
– Wu Yibing va sûrement faire parler de lui dans les années à venir. C’est un jeune, il a 17 ans et il est dans le top 10 mondial chez junior. Ce garçon est très fort, il a vécu une bonne saison 2016 en terminant à la dixième place mondiale avec 34 victoires et 9 défaites. De plus, il a marqué ses premiers points ATP ce qui peut lui permettre d’ici deux à trois ans d’intégrer le circuit professionnel. Tout est réuni pour que la Chine soit une nation forte du tennis.
Propos recueillis par Mathieu Plestan