Pascal Maria, cinq clichés dans le rétroviseur

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Le juge-arbitre du tournoi qui a pris sa retraite internationale en novembre, revient sur cinq souvenirs de tennis.

 

Wimbledon 2008 : C’est un moment assez inoubliable où le King Roger perd sur Rafa Nadal avec un score assez édifiant (6-4 / 6-4 / 6-7 / 6-7 / 9-7), la nuit, un endroit mythique. Ça reste pour moi un souvenir exceptionnel. C’était un match excessivement dur à arbitrer : la nuit, le hawk-eye ne fonctionnait plus sur les six derniers jeux. T’as pas envie de faire une erreur qui change l’issue de ce match unique. On est tellement exigeant avec la performance des joueurs qu’ils t’obligent à être exigeant avec la tienne. Je me suis couché à 6h du mat’ tellement j’avais de l’excitation. J’avais conscience que c’était un moment du sport historique. Le lendemain, quand tu lis les journaux, ils ne parlent pas d’arbitrage. C’est le plus beau compliment qu’on puisse faire à un arbitre.

Pour l’anecdote, ma femme n’est pas fan de tennis. Elle m’accompagne parfois mais elle ne vient pas au stade. L’arbitre a deux tickets. Cette fois, je convaincs ma femme de venir. A la fin du match, je lui dis que ce n’est plus la peine d’assister à aucune autre rencontre. Tu as vu le match du siècle. Du coup, elle n’est plus jamais revenue.

 

Jeux Olympiques 2016 : C’était un rêve d’arbitrer une finale des Jeux Olympiques. J’en avais déjà fait mais jamais celle du simple messieurs. Del Potro et Murray, j’adore ces deux mecs. Ils sont complètement différents mais ils méritent d’être connus. Murray, il a un cœur énorme. Avec Del Potro, on a vécu des moments historiques : demi-finale à Londres contre Federer, finale de Coupe Davis à Séville. Cette finale, c’est l’un de mes plus beaux souvenirs.

 

Eva Moore : C’est super d’avoir des femmes arbitres dans le tennis masculin. Elles ont les mêmes yeux, les mêmes compétences et sont meilleures dans des domaines tels que la communication. L’arbitrage électronique a beaucoup contribué à cette féminisation dans le tennis masculin qui est très sexiste. Cet arbitrage montre que les femmes sont aussi bonnes et mêmes meilleures que les hommes. C’est bien : ça nous permet de nous remettre en question.

 

Nadal/Bernardes : Le tennis est une énorme caravane comme le Tour De France, mais à l’échelle mondiale. C’est toujours le même groupe de personnes qui se retrouve aux quatre coins du monde. Il y a naturellement des atomes crochus ou non. Parfois, il n’y a rien en commun. On a tous « une liste noire » dans laquelle on met les joueurs avec lequel on n’y arrive pas. C’est vrai pour les arbitres et sûrement pour les joueurs. Mais le dernier mot est pour le juge-arbitre. Carlos avait dit que c’était mieux de ne pas arbitrer Nadal pendant quelques semaines pour estomper la polémique. C’était un épiphénomène.

 

Tweet d’Andy Murray : C’est chouette, c’est tout à fait Andy. Sur le terrain, il a l’air imbuvable, de mauvaise humeur, grincheux. Mais en-dehors, c’est un mec incroyable, un bosseur. A chaque tournoi, il aide financièrement une fondation différente. Il refuse d’en parler car il le fait avec plaisir et n’a pas le besoin et l’envie de le faire savoir.

 

Propos recueillis par Roxanne Lacuska, Théo Dorangeon et Thomas Ginesta